336              MEMOIRES DE PIERRE DE L'ESTOILE.
qu'il falloit punir celui qui l'a apportée. Le cardinal Pelevé et dom Diego d'Ibarra louèrent grandement ce zéle, et ont été de l'avis du cardinal de Plaisance; mais les sieurs Jeanin et Villeroy, sans adresser la parole au légat, ont donné occasion à l'assemblée de faire reflexion que ladite lettre n'est pas adressée au seul duc de Mayenne, mais à tous les Etats, ausquels on ne peut se dispenser de la communiquer, et aviser avec eux s'il y faut répondre, ou s'il la faut rejetter; que les dé­putez auroient un juste sujet de se plaindre, si on leur celoit ladite lettre : d'autant plus que toute la ville étoit déjà instruite par le trompette qu'elle étoit adressee au duc de Mayenne et aux députez des Etats. Sur quoy la décision fut remise au lendemain.
Le vendredy 29 de janvier, plusieurs députes reçu­rent copie d'un edit du roy de Navarre, en réponse de la déclaration du duc de Mayenne publiée le 5 du même mois, dans lequel ils ont découvert les artifices des François rebelles, nommement de leurs chefs, et la hardiesse du duc de Mayenne en convoquant les Etats du royaume, et usurpant ainsi l'authorité royale; prouve et défend son droit naturel à la couronne ; dé­clare qu'il est disposé de se faire instruire dans la reli­gion catholique, et qu'il embrassera le moyen le plus court pour y parvenir : ce qu'il a déjà témoigné par la permission donnée aux princes et aux officiers de la couronne, et autres seigneurs catholiques, pour facili­ter et approuver l'instruction qu'il désire, que les mal­intentionnés ont voulu empécher. Déclare enfin la pré­tendue tenuë des Etats, convoqués sans authorité dans la ville de Paris, une entreprise contre les loix, le bien ' et le repos du royaume ; et tout ce qui y a été fait ou
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